RESPONSABILITÉ ET PORTAGE DE LA CHAPELLE ST ANDRÉ
(ou un peu de culture dans un monde de brutes...)
L'adjectif responsable du latin responsum désignant le fait de "répondre" d'un acte, de l'assumer et d'en accepter les conséquences, avait plusieurs formes ; l'une "responsible" a produit au XIVè siècle "responsibiliteit", et ces deux mots sont passés en anglais. Outre-Manche, Responsability est devenu politique : dans le parlementarisme britannique, c'est l'obligation de démissionner, pour un ministère, quand le Parlement lui retire sa confiance.
Pour traduire cette idée, au XVIIIè siècle, on prit la seule forme vivante en français, responsable, et "responsabilité" vit le jour, en 1783. Cinq ans plus tard, à la veille de la Révolution, il avait retrouvé le sens général et moral du latin. Toute activité responsable accepte d'être jugée, mais quand elle est très complexe — ce qui est évidemment le cas du routage VTT— ce jugement requiert une absolue compétence.
La responsabilité du routeur réclame sens moral, courage, elle est plus exigeante que celle du mouton. Car le mouton agit pour son compte. Il peut suivre ou s'opposer, sauter ou se coucher. Certes, le routeur peut revendiquer son tracé, comme je le fais du sublime portage de la Chapelle St André ou se dégager de toute responsabilité comme le fait le Ber pour l'enduro du Régagnas ("Il appartiendra à chacun, de s’assurer, à chaque intersection, de la bonne direction à suivre. L’organisation ne pourra être tenue responsable d’une éventuelle absence de marquage... En s’inscrivant à cette compétition, le concurrent prend ses responsabilités et renonce à tout recours contre l’organisateur en cas d'accident corporel...").
Alors, pour ce qui est de la programmation de ce fameux portage (après l'avoir généreusement offert aux 3000 participants du raid SFR, fallait-il que j'en exempte mon troupeau préféré ?), je plaide responsable mais pas coupable. Prétendre le contraire m'apparaît une tentation dangereuse et, en partie, irresponsable.
le routeur (et Alain Rey).